Jean VEROT

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POLICIERS - Gallimard - Série noire

La grande collection de romans policiers de l’après-guerre, confiée au traducteur Marcel Duhamel. Son véritable départ a lieu en 1948, sous l’impulsion de Claude Gallimard. Les grandes tendances du roman noir américain et français y sont représentées. Diminution sensible du nombre de parution annuelle en 1976. Plusieurs maquettes de couvertures successives (1945 ; 1948 ; 1979 ; 1995), jusqu'au passage en grand format en 2005, où paraissent désormais des auteurs comme Ingrid Astier, Ken Bruen, DOA, Caryl Férey, Jo Nesbø ou Alessandro Perissinotto…


D'après WIKIPEDIA

I - L’éditorial de Marcel Duhamel

Dans un éditorial de 1948, Marcel Duhamel prévenait ainsi le lecteur : Après plus de cinquante ans, ce texte reste d'une rare actualité. « Que le lecteur non prévenu se méfie : les volumes de la « Série noire » ne peuvent pas sans danger être mis entre toutes les mains. L'amateur d'énigmes à la Sherlock Holmes n'y trouvera pas souvent son compte. L'optimiste systématique non plus. L'immoralité admise en général dans ce genre d'ouvrages uniquement pour servir de repoussoir à la moralité conventionnelle, y est chez elle tout autant que les beaux sentiments, voire de l'amoralité tout court. L'esprit en est rarement conformiste. On y voit des policiers plus corrompus que les malfaiteurs qu'ils poursuivent. Le détective sympathique ne résout pas toujours le mystère. Parfois il n'y a pas de mystère. Et quelquefois même, pas de détective du tout. Mais alors ?... Alors il reste de l'action, de l'angoisse, de la violence — sous toutes ses formes et particulièrement les plus honnies — du tabassage et du massacre. Comme dans les bons films, les états d'âmes se traduisent par des gestes, et les lecteurs friands de littérature introspective devront se livrer à la gymnastique inverse. Il y a aussi de l'amour — préférablement bestial — de la passion désordonnée, de la haine sans merci, tous les sentiments qui, dans une société policée, ne sont censés avoir cours que tout à fait exceptionnellement, mais qui sont parfois exprimés dans une langue fort peu académique mais où domine toujours, rose ou noir, l'humour. À l'amateur de sensations fortes, je conseille donc vivement la réconfortante lecture de ces ouvrages, dût-il me traîner dans la boue après coup. En choisissant au hasard, il tombera vraisemblablement sur une nuit blanche. »

II – L’historique

Le nom de la collection a été inventé par Jacques Prévert. Mais sa grande force est la révélation (pour le public français) de très nombreux auteurs et d'une nouvelle forme de littérature policière, plongée dans la réalité de la rue, côtoyant malfrats, truands et tueurs. La littérature anglo-américaine se taille la part du lion dans la collection. Marcel Duhamel se charge lui-même de la traduction de nombreux ouvrages (Raymond Chandler et Dashiell Hammett). Tous les grands auteurs du roman noir américain sont petit à petit publiés (Horace McCoy, W. R. Burnett, Ed McBain, Chester Himes, Robert Bloch, Richard Matheson, Lou Cameron, David Goodis, Harry Whittington ou Jim Thompson). Dans le même temps Duhamel va éditer des auteurs français, le premier est Serge Arcouët (publié sous le pseudonyme de Terry Stewart en 1948) puis Albert Simonin avec Touchez pas au grisbi !, et permettre au genre de prendre son envol définitif en France. Les écrivains du néo-polar (par exemple, Jean-Patrick Manchette, A.D.G. et Jean-Pierre Bastid) en feront un véhicule pour le commentaire social et politique.

Les constantes de la Série noire sont l'argot, l'humour, et la violence. Les mordus du roman policier la surnomment « la Reine de la Nuit ». Au cours des années 1980 la collection commence à subir la concurrence de nouvelles collections comme Rivages/Noir. On critique aussi l'absence d'auteurs de sexe féminin. Patrick Raynal essaiera d'y remédier en donnant leur chance à Maïté Bernard, Laurence Biberfeld, Pascale Fonteneau, Sylvie Granotier, Nadine Monfils, Chantal Pelletier. Au cours des années 2000 l'érosion des ventes a conduit Antoine Gallimard à engager un profond changement de la collection : la collection sœur La Noire disparaît tandis que la Série noire passe d'un format mi-poche (19 X 12,5 cm.) au grand format. Depuis 2005, la collection est dirigée par Aurélien Masson. Il publie les livres en grand format, gardant l'esprit de la dernière version des semi-poches (photo en noir et blanc, typographie en jaune) mais fait disparaître la fameuse numérotation. Les tirages sont moins importants et leur prix plus élevé. Du côté des français, Aurélien Masson a gardé Caryl Férey et Patrick Pécherot et a ensuite promu une nouvelle génération d'auteurs plus rock and roll tels DOA, Antoine Chainas, Elsa Marpeau, Frédéric Jaccaud et Benoît Minville.

III - Chronologie des principaux titres.

1945 : octobre, parution des deux premiers titres de la Série noire : La Môme Vert-de-gris et Cet homme est dangereux de Peter Cheyney qui paradoxalement est anglais.
• 1946 : deux titres publiés cette année-là : Pas d'orchidées pour Miss Blandish de James Hadley Chase et Un linceul n'a pas de poches de Horace McCoy (qui sera le premier auteur américain de la collection).
• 1948 : à partir de juillet, la Série noire publie deux ouvrages par mois. Parution du 1er titre de Raymond Chandler, La Dame du lac, traduit par Boris et Michèle Vian, et d'Adieu, ma jolie du même auteur.
• 1949 : Horace McCoy Adieu la vie, adieu l'amour.... La Série noire accueille son premier auteur français, Serge Arcouët, qui publie La Mort et l'Ange sous le pseudonyme américanisant de Terry Stewart.
• 1953 : Premier titre français à connaître le succès Touchez pas au grisbi ! d'Albert Simonin.
• 1956 : Sans espoir de retour, de David Goodis.
• 1957 : la tendance est au roman d'espionnage. Parution du 1er James Bond : Chaud les glaçons ! de Ian Fleming, plus connu au cinéma sous le titre Les Diamants sont éternels.
• 1958 : La Reine des pommes de Chester Himes.
• 1959 : fin d'une époque et début d'une tendance. Parution du dernier titre de Raymond Chandler, Charades pour écroulés, et du premier titre de la série Western, Le Desperado de Clifton Adams.
• 1960 : Imbroglio negro de Chester Himes.
• 1964 : La Lune d'Omaha, de Jean Amila. Un loup chasse l'autre, de Donald E. Westlake.
• 1966 : la Série noire paraît au rythme incroyable de 96 titres par an. no 1000 : 1275 âmes de Jim Thompson.
• 1969 : déclin très marqué de l'espionnage et du western.
• 1971 : premiers romans des nouveaux auteurs français issus de mai 68, en particulier L'Affaire N'Gustro, inspirée de l'affaire Ben Barka, de Jean-Patrick Manchette.
• 1972 : Nada, de Jean-Patrick Manchette. La Série noire renouvelle sa présentation, avec une nouvelle couverture inaugurée par le no 1459.
• 1974 : lancement de la collection Super noire. Premier titre paru Adieu poulet de Raf Vallet.
• 1976 : période noire pour le polar. La Série noire chute de 96 à 36 nouveautés par an, et c'est pourtant elle qui s'en tire le mieux.
• 1977 : Kermesse à Manhattan, Marilyn la Dingue et Zyeux-bleus de Jerome Charyn. Décès de Marcel Duhamel. Robert Soulat lui succède.
• 1979 : une nouvelle couverture illustrée en noir et jaune est inaugurée par le no 1725 Je vais faire un malheur ! de Russel H. Greenan.
• 1981 : Mortelle randonnéee, de Marc Behm.
• 1982 : La Position du tireur couché, de Jean-Patrick Manchette.
• 1984 : Nous avons brûlé une sainte, de Jean-Bernard Pouy. Une nouvelle couverture illustrée, cette fois en couleurs, est inaugurée par le no 1942, C'est du délire..., de Fredric Neuman.
• 1985 : La Bête et la Belle, de Thierry Jonquet (no 2000)
• 1991 : en avril, Patrick Raynal succède à Robert Soulat.
• 1992 : janvier, retour à l'ancienne couverture et à l'ancien format. Premiers titres parus sous la nouvelle présentation : Pirana matador de Jean-Hugues Oppel (no 2287) et Cosmix Banditos d'A.C. Weisbecker (no 2288).
• 1994 : décès de Robert Soulat.
• 1995 : cinquantenaire de la Série noire. Une nouvelle couverture est adoptée.
• 2005 : Grand format non numéroté

IV – Les différentes couvertures


F1- de 1945 à 1948, les 8 premiers livres brochés

n° 1 - Peter Cheney - La Môme vert-de-gris


• N° 1 Peter Chenay La môme vert-de-gris.
• N° 2 Peter Chenay Cet homme est dangeureux.
• N° 3 James Hadley Chase Pas d'orchidée pour Miss Blandish.
• N° 4 Horace Mc Coy Un linceuil n'a pas de poches.
• N° 5 Don Tracy Neiges d'antan.
• N° 6 James Hadley Chase Eva.
• N° 7 Peter Chenay Vous pigez ?.
• N° 8 Raymond Chandler La dame du lac.

F2- de 1949 à 1958, de 1 à 413, les livres cartonnés avec jacquette

N° 44 - Geoffrey Homes - pendez-moi haut et court


F3 – de 1958 à 1978, de 414 à 1725, les livres sont brochés avec une couverture en noir et blanc et Gallimard en lettres moyennes

n° 1106 - Jim Thompson - Des cliques et des cloaques

F4 – (dates à définir), les livres sont brochés avec une couverture en noir et blanc et Gallimard en grosses lettres

N° 1477 - Jean-Gérard Imbar - Scoop

F5 – à partir de 1979 et du numéro 1726, les livres sont brochés avec une couverture en noir et une bordure jaune

n° 1804 - Jake Page - La case de l'oncle Tomahawwk

F6 – à partir de 2005, les livres ont un grand format et ne sont pas numérotés

A noter dans la série quelques couvertures particulières notées F7 à F9

F7 – Série noire espionnage

n° 1432 - Duncan Kyle - Du sang sur la banquise

F8 – Série noire Suspense

n° 1091 - Jake PageDavid Goodis - La nuit tombe

F9 – Autres formats

n° 2548 - Eddie Little - Encore un jour au paradis

V - Les directeurs de la collection

• Marcel Duhamel de 1945 à 1977
• Robert Soulat de 1977 à 1991
• Patrick Raynal de 1991 à 2004.
• Aurélien Masson de 2005 à 2017
• Stéphanie Delestré à partir de septembre 2017

VI - Anecdotes

• Boris Vian a traduit certains titres de la Série noire.
• Il n'existe qu'un seul et unique catalogue de la Série noire, publié en 1955.
• 1er auteur américain publié dans la collection : Horace McCoy
• 1er auteur français publié dans la collection : Serge Arcouët sous le pseudonyme de Terry Stewart
• 1985 : La Bête et la belle, de Thierry Jonquet (n° 2000)
• Le roman Tous à l'égout de Robert Pollock a inspiré le "casse du siècle" consistant pour Albert Spaggiari à vider les coffres de la Société Générale en juillet 1976 à Nice. En 1979, José Giovanni réalisa un film sur le sujet, Les égouts du Paradis.

VII - Hors Série

• Le Livre de cuisine de la Série noire / Arlette Lauterbach et Alain Raybaud ; préf. Patrick Raynal ; ill. Jochen Gerner. Paris : Gallimard, 1999, 319 p. (Série noire).
• Le Livre des alcools de la Série noire / Arlette Lauterbach et Patrick Raynal ; préf. Jean-Marie Laclavetine ; ill. Joëlle Jolivet. Paris : Gallimard, 2001, 279 p. (Série noire).
• Les 5 livres de Claude Mesplède et Franck Lhomeau sur l'histoire de la série noire.